L’Airbus A380 est un avion malheureusement rendu plutôt obsolète par la pandémie en cours. Cependant, avant même que COVID-19 ne mette l’industrie du transport aérien à l’arrêt, le constructeur européen avait déjà annulé sa production avec environ 250 exemplaires construits. Néanmoins, l’A380 reste un avion fascinant dont la taille attire l’attention partout où il va. Mais combien a coûté l’ambitieux superjumbo?
Combien a coûté le programme?
Développer un avion aussi grand que l’A380 allait toujours être une tâche coûteuse pour Airbus. En plus de la construction physique de l’avion, le programme exigerait également beaucoup en termes de recherche et de développement. Après tout, Airbus (ou tout constructeur) n’avait jamais produit un avion de ligne de passagers tout à fait comme l’A380 en termes de taille et de structure.
Alors que le monde avait déjà vu un avion de ligne à deux étages complet dès les années 1950 sous la forme du Bréguet 763 Deux-Ponts, il s’agissait d’un avion à hélice. De même, bien que le Boeing 747 existant soit un avion de ligne avec un deuxième pont passagers, celui-ci ne s’étendait pas sur toute la longueur du fuselage comme l’A380. C’était, et reste, un design unique et révolutionnaire.
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Lorsque Airbus a voté pour le lancement du programme A380 en 2000, son coût prévu était de 9,5 milliards d’euros (11,3 milliards de dollars). Cependant, au fur et à mesure que la société se lançait dans le développement de l’avion, les coûts du programme augmentaient. En effet, il a atteint un point où, en 2006, Airbus a choisi de cesser de publier le coût déclaré du programme.
À ce stade, le chiffre avait atteint un total de 10,2 milliards d’euros (12,2 milliards de dollars). Une décennie plus tard, en 2016, le constructeur européen a réestimé que le programme A380 lui avait coûté de l’ordre de 25 à 30 milliards de dollars. Et ce, alors qu’il avait été lancé par des prêts de 3,5 milliards d’euros du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne en 2000. En février 2019, l’Allemagne a approché Airbus pour 600 millions d’euros (716 millions de dollars) de ce qui était encore en suspens.
Prix catalogue
Outre le coût du programme A380 lui-même, il convient également de considérer ce que les compagnies aériennes ont dû payer pour mettre la main sur le superjumbo. Simple Flying a exploré les différents prix catalogue du portefeuille Airbus plus tôt cette année. Ce faisant, nous avons constaté que, lors de sa production, le quadjet à deux étages était coté pour 445,6 millions de dollars.
C’est un peu plus élevé que l’avion de la famille Boeing 747 avec lequel Airbus a conçu l’A380 pour concurrencer. Lorsque la production du Boeing 747-400 a cessé en 2007, son prix catalogue était d’environ 228 millions de dollars (289 millions de dollars aujourd’hui). Pendant ce temps, le 747-8 de nouvelle génération a un prix catalogue de 418,4 millions de dollars. Bien sûr, l’A380 offrait aux opérateurs une capacité supérieure à celle de ces avions, mais son coût élevé signifiait qu’il devait être bien chargé pour gagner de l’argent.
Bien sûr, il convient de rappeler que les compagnies aériennes paient rarement ces sommes. Au lieu de cela, en passant des commandes plus importantes pour plusieurs avions, ils peuvent obtenir un rabais assez généreux. En effet, Airbus a affirmé en 2019 que ses clients bénéficiaient d’une remise moyenne de 50% sur ses prix catalogue.
D’autre part, bien que l’A380 soit un avion coûteux, les compagnies aériennes espéraient que son exploitation leur permettrait de faire des économies. En effet, Air France a affirmé que ses coûts d’exploitation seraient inférieurs de 20%, ce qui lui permettrait d’économiser jusqu’à 12 à 15 millions d’euros (14,3 à 17,9 millions de dollars) par an.
Coûts pour les aéroports
Il n’y a pas que Airbus et les opérateurs de l’A380 qui ont dû creuser financièrement pour mettre le superjumbo en service. En effet, les aéroports du monde n’avaient jamais eu à gérer un avion de cette taille auparavant. Après tout, il est environ 30% plus grand que le Boeing 747-400. Cela signifiait que les aéroports devaient apporter des modifications à l’énorme avion de ligne.
Selon Stantec, ces modifications comprenaient des pistes et des voies de circulation plus longues et plus larges, plus d’espace pour les portes et plus de ponts à réaction pour aider à monter à bord du mastodonte. Ces coûts se sont rapidement ajoutés pour les aéroports et les autorités. Par exemple, l’Autorité portuaire de New York & du New Jersey aurait effectué des modifications d’infrastructure d’une valeur de 175 millions de dollars pour l’avion.
Le prix de la retraite
En mai 2020, Air France a réagi de manière décisive au début de la pandémie de coronavirus en retirant sa flotte restante d’Airbus A380. Alors que la crise sanitaire a accéléré ce processus, il n’était en tout cas pas loin. En effet, il n’avait prévu que le superjumbo pour desservir la compagnie aérienne jusqu’en 2022, à peine 13 ans après son premier vol pour le porte-drapeau français.
Bien que l’avion ait pu être déficitaire, son retrait pose également des difficultés financières pour les compagnies aériennes. En effet, en restant chez Air France, la compagnie a annoncé en février 2020 que retirer sa flotte d’A380 lui coûterait de l’ordre de 370 millions d’euros (399 millions de dollars à l’époque).
Au moment de l’annonce d’Air France, elle avait déjà pris une charge de dépréciation de 126 millions d’euros dans le cadre de ce processus. Il a attribué 52 millions d’euros de ce chiffre à l’amortissement accéléré de l’avion. Les 74 millions d’euros restants concernaient des programmes de rénovation, des pièces de rechange et des pénalités contractuelles. Ainsi, à l’avenir, les compagnies aériennes devront bien réfléchir et se souvenir des coûts élevés d’Air France lorsqu’elles envisageront de retirer prématurément leurs superjumbos.
Dans l’ensemble, il est dommage que le montant investi dans l’avion et les changements d’infrastructure associés n’aient pas permis de produire plus largement de l’A380. Néanmoins, il semble que nous pourrons profiter de la présence des exemples existants du type pendant un certain temps encore. En effet, le président d’Emirates, Sir Tim Clark, prévoit que sa compagnie aérienne le pilote jusqu’au milieu des années 2030.